Le Voyage de Popeye  À la recherche de Papy

Editions
Sortie en DVD18 octobre 2006 (Tactic Vidéo)
Synopsis

Popeye, le célèbre marin aux bras d’acier, embarque pour une mission aussi périlleuse que personnelle : retrouver son père, Pappy, qu’il n’a pas vu depuis qu’il est enfant. Tout commence avec des cauchemars inquiétants, où Popeye voit son père en danger. Bouleversé par ces visions, il décide de prendre la mer pour tenter de le sauver... et, espère-t-il, le retrouver à temps pour célébrer Noël ensemble.

À ses côtés, on retrouve sa fidèle Olive Oyl, le gourmand incorrigible Gontran (qui s’est secrètement infiltré à bord pour déguster le garde-manger), le petit Mimosa, et, plus surprenant, Brutus, qui n’est plus ici un rival mais un compagnon d’aventure loyal. Ensemble, ils mettent le cap vers la mystérieuse Mer des Mystères, un endroit redouté pour ses dangers et ses secrets bien gardés.

Mais le voyage est loin d’être paisible. La redoutable Sorcière des mers, bien décidée à empêcher Popeye d’atteindre son but, leur tend piège après piège. Derrière les traits d’une sirène séduisante ou à travers des tempêtes glaciales, des serpents marins et un brouillard presque vivant, elle mobilise toute sa magie pour les ralentir, voire les faire échouer. Il faudra toute leur détermination – et une bonne dose de courage – à Popeye et à ses compagnons pour affronter les manigances de la Sorcière, retrouver Pappy qui se révèle aussi grincheux qu’égoïste et, peut-être, offrir à cette drôle de petite famille un Noël qu’ils n’oublieront jamais.

Commentaires

Sorti en 2004, Le Voyage de Popeye : À la recherche de Papy s’inscrit comme une tentative audacieuse – et sans doute un peu nostalgique – de faire revivre l’un des personnages les plus emblématiques de l’âge d’or de l’animation. Produit à l’occasion du 75e anniversaire de Popeye, le film opte pour une approche résolument moderne : l’animation 3D. Un pari risqué à l’époque, destiné à offrir un second souffle à une icône en perte de vitesse. Créé en 1929 par E.C. Segar, Popeye s’impose rapidement dans la culture populaire grâce aux célèbres dessins animés des studios Fleischer dans les années 1930. Avec ses bras musclés nourris aux épinards, son œil plissé et sa pipe vissée au coin des lèvres, il traverse les décennies... jusqu’à ce que sa popularité s’effrite face à l’arrivée de nouveaux héros animés. Le Voyage de Popeye ambitionne alors de raviver la flamme, en misant sur une technologie en pleine explosion : la 3D.

Le récit du film repose sur une intrigue simple mais efficace : Popeye part à la recherche de son père, Poopdeck Pappy, disparu depuis longtemps. Fidèle à l’univers original, il est accompagné de ses comparses de toujours – Olive Oyl, Mimosa, Gontran et même Brutus qui est ici son compagnon marin – et doit affronter tempêtes glaciales et sirènes enchanteresses. Tous ces obstacles, en réalité, sont orchestrés dans l’ombre par la maléfique Sorcière des mers, bien décidée à empêcher Popeye de retrouver son père. La version française, enregistrée en Belgique, conserve d’ailleurs les noms classiques chers au public francophone. Michel de Warzée est dans l’ensemble très bon dans le rôle du marin, mais souffre de la comparaison par les nostalgiques avec les versions doublées par Pierre Trabaud, dont la voix a longtemps incarné le personnage dans l’Hexagone. Du côté de la version originale, c’est le comédien Billy West (voix de Doug dans la série homonyme, de Stimpy dans Ren et Stimpy Show et de Bugs Bunny dans Space Jam) qui prête sa voix au marin le plus fort des sept mers.

À noter que cette intrigue mettant en scène Popeye à la recherche de son père est un classique dans l’univers du marin. Elle nous vient de E.C. Segar lui-même à travers une histoire du Thimble Theatre publiée entre août et septembre 1936 intitulée The Search for Popeye’s Poppa (À la recherche du Popa à Popeye en français) dans laquelle Popeye apprend, grâce à son fidèle animal magique Eugène (ou Pilou Pilou), que son père est toujours en vie. Décidé à le revoir après tant d’années, il prend la mer avec son équipage constitué des personnages bien connus du comic strip - Olive, Mimosa, Gontran, Eugène, Oscar, le professeur Geezil, Toar/Futaille, Alice la Folle, le patron du Rough House Café et une certaine Lucie - à bord de « La Chouette », un navire supposément hanté offert par le capitaine Laquille, et affronte au passage fantômes et créatures marines jusqu’à retrouver son père sur une île déserte. Ce dernier, bourru, violent et antipathique, rejette Popeye avec virulence. Malgré cela, le marin au grand cœur l’emmène de force avec sa petite famille. Ce feuilleton à la fois burlesque, violent et émouvant est vite devenu célèbre dans l’œuvre de Segar, et cette trame autour de la quête paternelle est alors adaptée de nombreuses fois, dans des scénarios sans cesse différents, à commencer par le court-métrage des frères Fleischer Le pays des Bizarroïdes (Goonland) en 1938 - dont il existe un remake en couleurs par les studios Famous nommé Le papa de Popeye (Popeye’s Poppa) où les Bizarroïdes sont remplacés par une tribu de cannibales africains très stéréotypés ! - mais aussi l’épisode À la recherche du père prodigue (Me Quest for Poopdeck Pappy) de la série télévisée des années 1960, et donc ce film d’animation de 2004. Le film Popeye de Robert Altman sorti en 1980 s’inspire également en partie de ce récit pour des éléments du scénario.

Malgré ces efforts de modernisation, le film peine à convaincre. L’animation 3D, certes ambitieuse pour l’époque, ne parvient pas à reproduire le charme et l’expressivité des dessins en 2D qui avaient fait le succès de la série originale. Le scénario, bien qu’ancré dans l’univers de Popeye, manque de relief et s’essouffle rapidement. Ce film s’inscrit dans une série d’essais – souvent infructueux – pour réintroduire Popeye dans l’univers de l’animation contemporaine. On pense notamment à la série diffusée sur YouTube en 2018, une version muette très enfantine où les héros sont rajeunis (notamment Brutus qui ne porte plus la barbe !) et où Popeye ne fume plus la pipe qu’il a troquée contre un sifflet de manœuvre afin d’éviter toute représentation du tabagisme, passée quasiment inaperçue, ou encore au projet de long-métrage porté par Genndy Tartakovsky, finalement abandonné en 2016. Autant de tentatives qui témoignent de la difficulté à adapter le personnage aux codes narratifs et visuels d’aujourd’hui.

Au final, Le Voyage de Popeye : À la recherche de Papy reste une curiosité. Un hommage sincère, mais maladroit, à une figure mythique de l’animation. Si le film n’a pas su raviver la flamme, il rappelle néanmoins combien Popeye continue d’occuper une place singulière dans l’imaginaire collectif. Aujourd’hui, le marin au grand cœur survit surtout à travers les rediffusions de ses classiques et une certaine nostalgie du public. Son avenir sur les écrans, lui, demeure plus incertain que jamais.

Doublage
Voix françaises (Studio Agent Double) :
Michel de WarzeePopeye
Guylaine GibertOlive
Nathalie StasSorcière des mers, Mimosa
Martin SpinhayerBrutus
Auteur : Toine
Doublage : Mr Hawk
Arachnée
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Popeye's Voyage : The Quest for Pappy © Elzie Crisler Segar / King Features, Nuance Productions, Mainframe Entertainment
Fiche publiée le 25 août 2025 - Lue 92 fois