Editions
Sortie en VHS | 1970
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Sortie en DVD | 29 mai 2001 (Sony)
15 novembre 2003 (LCJ)
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Sortie en Blu-Ray Disc | 20 juillet 2008 (LCJ)
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Sortie en DVD / Blu-ray | 17 octobre 2018 (LCJ avec Tintin et les Oranges bleues)
17 janvier 2024 (LCJ avec Tintin et les Oranges bleues) |
Synopsis
Le Capitaine Haddock apprend par un courrier venu de Turquie la mort de son vieil ami Thémistocle Paparanic et que celui-ci lui a légué un bateau baptisé la Toison d’Or. Accompagné de Tintin et Milou, le marin arrive à Istanbul et découvre avec amertume que le bateau en question n’est qu’un vieux rafiot rouillé. Alors que le trio s’apprête à renoncer à cet héritage, l’homme d’affaires Anton Karabine se propose aussitôt de racheter la Toison d’Or pour une très forte somme, au grand étonnement de nos héros. Aux offres de rachat de plus en plus élevées succèdent les menaces et les guet-apens.
Commence alors pour Tintin, Haddock et Milou une nouvelle aventure durant laquelle ils vont s’efforcer de découvrir ce qui peut bien motiver les bandits à vouloir s’emparer du vieux cargo…
Commentaires
Entre 1943 et 1947, vers la fin puis au sortir de la Seconde Guerre mondiale, le personnage de Tintin et les aventures qu'il a jusqu'à alors vécu et qui ont été publiées en albums en noir et blanc – de Tintin au Congo (2ème album) en 1931 au Crabe aux pinces d'or (9ème album) en 1941 – sont de nouveau publiées, mais cette fois-ci en couleurs (à l'exception du 4ème album, Les Cigares du pharaon, qui le sera en 1955) ! Les jeunes lecteurs (et les moins jeunes également) découvrent ou redécouvrent ainsi le jeune héros à la houppette dans une nouvelle atmosphère où la ligne claire partage l'espace des cases avec ce nouvel éclat. Notons tout de même que le tout premier album à connaître directement la couleur fut le 10ème album en 1942 avec L'Étoile Mystérieuse (toutefois toujours prépublié en noir et blanc) suivi et directement colorisé également les 11ème et 12ème album en 1943 et 1945, Le Secret de la Licorne et Le Trésor de Rackham le Rouge (tous deux prépubliés en 1943 en noir et blanc).
Puis, en 1946, Tintin prend encore une nouvelle dimension avec un hebdomadaire qui lui est consacré, Tintin ou Le Journal Tintin (1946-1988) où le jeune reporter sera affilié à bien d'autres univers et bédéistes. Toujours durant cette période, Tintin se voit adapté en 1947 et pour la première fois au cinéma dans Tintin : Le Crabe aux Pinces d'Or, le tout premier film d'animation belge (en stop-motion et produit par Wilfried Bouchery) dont hélas l'exploitation en salles fut de courte durée suite à la faillite du producteur.
Dix ans plus tard, en 1957 et 1959, deux aventures de Tintin se verront animées à la télévision sous la forme d'une série d'animation (avec des images fixes et quelques mouvements), la toute première consacrée au héros de Hergé produite avec la télévision française et le studio belge Belvision sous le titre Les Aventures de Tintin. Juste après, contrairement à cette série dont la seule voix était celle du narrateur, Tintin prendra forme à la radio (sur France II Régional qui deviendra France Inter) dans le feuilleton radiophonique Les Aventures de Tintin où le jeune reporter sera incarné par Maurice Sarfati et ce du 12 octobre 1959 au 18 décembre 1963 (nos amis québécois produiront également des aventures radiophoniques pour Tintin en 1962 avec Jean Besré dans le rôle du jeune homme à la houppette). Notons aussi que lorsque débute le feuilleton radiophonique, la production d'une seconde série d'animation est lancée par Belvision adaptant librement l'œuvre sous le titre Les Aventures de Tintin, d'après Hergé.
Enfin, en 1961, après avoir été colorisé puis animé (au cinéma et à la télévision) et pris vie à la radio, Tintin se retrouve sur le grand écran dans un film en prises de vues réelles où le personnage est interprété pour la première fois par un acteur en chair et en os !
L’aventure cinématographique commence en 1957, après une proposition restée sans suite de l’océanographe Jacques-Yves Cousteau qui souhaitait tourner Le Trésor de Rackham le Rouge en conditions réelles avec le fameux sous-marin en forme de requin. Le journaliste et historien d’art André Barret rencontre Hergé et souhaite produire un film Tintin basé sur un scénario original se déroulant au Japon. L’auteur refuse, préférant une adaptation du Temple du Soleil au potentiel plus cinématographique à ses yeux (l’album sera d’ailleurs bel et bien adapté en 1969 mais sous la forme d’un long-métrage animé par le studio Belvision). Les négociations vont ainsi durer un an avant la signature du contrat et le réalisateur Alain Resnais est assigné au projet : ce dernier souhaite adapter L’Île Noire avec des comédiens vêtus de masques pour se rapprocher au maximum des personnages de la bande dessinée et un tournage entièrement en studio. Barret rejette l’idée, trop coûteuse, et souhaite privilégier les décors naturels tout en choisissant les acteurs sur la base du caractère des personnages et non sur la ressemblance physique pure. Le producteur coécrit avec Remo Forlani Le Mystère de la Toison d’Or, une histoire inédite sur laquelle Hergé exerce un droit de regard, tandis que Philippe de Broca est approché pour la mise en scène.
Les interprètes sont rapidement trouvés avec entre autres Georges Wilson dans le rôle du Capitaine Haddock, le clown Georges Loriot dans celui du Professeur Tournesol, ainsi que des noms reconnus comme l’acteur vétéran Charles Vanel ou le chanteur d’opérette Dario Moreno. Les Dupondt sont quant à eux interprétés par les frères Gamonal, deux jumeaux souhaitant conserver l’anonymat (ce qui leur vaudra d’être crédités « Incognito » dans le générique de fin). Il faudra néanmoins deux ans aux équipes de chasseurs de têtes – déployées entre la France, la Belgique, la Suisse et le Canada – pour trouver le comédien qui interprètera Tintin.
C’est au cours du mois d’août 1960 sur une plage d’Ostende que l’assistante de production Chantal Rivière repère Jean-Pierre Talbot, un jeune moniteur âgé de 17 ans qui se destine à l’enseignement. Sur la base d’une photo envoyée à André Barret, le jeune homme est invité à Paris, aux studios de Boulogne-Billancourt pour un premier essai durant lequel il improvise toute une série de mouvements de gymnastique. Un nouvel essai est organisé avec une mise en situation pour juger de ses capacités de comédien ; le test est jugé concluant par la production et Hergé, après un moment de silence face à Talbot vêtu et maquillé en Tintin, déclarera : « Oui, c’est bien lui ! » Commence alors pour le principal concerné une formation intensive de six mois entre le judo, la natation, le passage du permis moto ainsi que des cours de diction et de mime. Alors que le projet semble suivre son cours, Philippe de Broca se montre très dubitatif à la vue des comédiens costumés et maquillés ; il estime que l’adaptation de la bande dessinée telle quelle ne marche pas et qu’il vaut mieux n’en retenir que l’esprit avec un récit et des personnages inédits – notamment des rôles féminins, totalement absents du script de Barret et Forlani. Le réalisateur se retire au profit du film Cartouche avec Jean-Paul Belmondo (les deux hommes collaboreront ensemble en 1964 sur L’Homme de Rio qui constituera dès lors une adaptation non-officielle de Tintin).
Serge Bourguignon, réputé pour ses courts-métrages documentaires tournés aux quatre coins du monde, est un temps sollicité pour remplacer de Broca avant que la production ne porte son choix définitif sur Jean-Jacques Vierne, assistant pour Yves Ciampi et Jules Dassin… et accessoirement réalisateur des adaptations radiophoniques de Tintin ! Le compositeur André Popp, qui a travaillé sur ces mêmes feuilletons, renoue avec l’univers d’Hergé en se chargeant de la bande originale. Le tournage commence le 2 mai 1961 et durera tout l’été entre la Turquie et la Grèce, ainsi que le château de Villette à Condécourt pour les scènes se déroulant à Moulinsart et les studios de Boulogne-Billancourt pour l’intérieur du bateau.
Le film sort pour les fêtes de Noël, soutenu par une importante campagne publicitaire, et sera un énorme succès commercial avec près de 3,6 millions d’entrées. La critique sera toutefois sévère, pointant du doigt le manque de dynamisme de la mise en scène, ainsi qu’un scénario trop sage composé d’éléments tirés de différents albums. Tintin et le Mystère de la Toison d’Or n’en reste pas moins un film d’aventures plaisant à l’humour léger, faisant la part belle aux paysages et monuments historiques d’Istanbul, d’Athènes ou des Météores. Le tout est mené par un Jean-Pierre Talbot qui restitue à merveille la vivacité du personnage, tout en assurant lui-même ses cascades. Le film connaît plusieurs déclinaisons en 1962 avec un livre-disque édité chez Vega et une novélisation au format album par Casterman mêlant texte et photogrammes. Une adaptation pirate en bande dessinée verra même le jour en 1988 avec pour mention d’éditeur « Karexport », du nom de la société d’Anton Karabine dans le film !
Le succès entraînera la mise en chantier d’une suite intitulée Tintin et les Oranges bleues en 1964, toujours sous l’égide d’André Barret.
Doublage
Voix françaises :
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