Tchin, Tchin, petit moineau

Fiche technique
Nom originalCin-Cin (Čin-Čin)
OrigineTchécoslovaquie
Année de production1970
ProductionCeskoslovenská Televize, Krátký Film Praha as, Filmové laboratoře Gottwaldov
Nombre d'épisodes10 x 8 minutes
Auteur conte Ľudmila Podjavorinská
ConceptionEmil Hauptmann sculpture des personnages
RéalisationJan Dudešek
ProductionKarel Hutěčka
ScénariiMikuláš Fehér
AnimationSylvie Škapová, Milan Šebesta
Direction artistiqueJan Dudešek, Václav Dobrovolný
MontageAntonín Štrojsa
Direction photographieAntonín Horák
CostumesTonička Horáková
MusiquesJosef Sedlář
Diffusions
1ère diffusion hertzienne2 mai 1977 (Antenne 2)
Synopsis

Tchin Tchin (Cimo), un petit moineau comme un autre, vit dans la maison familiale des Cimcara perchée sur la branche d'un arbre. Quelque peu paresseux, il n'a pas envie de sortir de son petit lit le matin malgré les chatouillements que lui prodigue le Soleil de ses rayons. Mais aujourd'hui ayant été convenu qu'il accompagnerait son père à la chasse, il se lève enfin après que sa mère l'ait quelque peu invectivé et forcé à se débarbouiller, voire un peu plus en le poussant légèrement dans la cuvette en porcelaine non sans quelques dégâts...
Lors de cette chasse aux insectes, peu fructueuse si ce n'est en cerises servant de cartouches pour le fusil, il aidera sa camarade Cinky (nom original) à s'occuper de son jardin. Toutefois il malmènera ce dernier de sa maladresse à coup de binette avec laquelle il se blessera à l'une de ses pattes, son amie le soignant derechef malgré les dégâts causés sur ses petites plantations de fleurs. Cette journée de chasse se terminera sans aucune prise, le père de Tchin Tchin, le fusil sur l'épaule, marchant au pas sur le chemin du retour avec, le suivant, l'ami hérisson apportant son aide en transportant dans sa brouette le jeune moineau tel un soldat blessé au combat.

Ainsi va la vie de Tchin Tchin au gré des jours, s'amusant à se battre à l'épée tel un chevalier avec son ami et voisin Cvirik (nom original) – combat qui se poursuit avec des gants de boxe, Tchin Tchin sortant vainqueur de ce duel malgré quelques petites blessures que Cinky soigne une nouvelle fois –, puis partageant un repas entre sa famille et celle de Cinky pour fêter les fiançailles des deux jeunes moineaux, et devenu un peu plus grand se mariant avec Cinky. Les aventures de Tchin Tchin et de sa compagne se termineront dans le bonheur, après quelques difficultés et déboires à trouver un habitat, le jeune couple s'installant en leur doux foyer qu'ils ont fini par construire eux-mêmes, la petite famille s'agrandissant alors de quatre petits moineaux...

Commentaires

Cette série produite par la Slovenská televízia Bratislava est l'adaptation d'un conte composé pour la jeunesse en 1943 par l'écrivaine et poétesse slovaque L'udmila Podjavorinská (1872-1951, née L'udmila Riznerová). Publié une première fois durant le Second conflit mondial sous le titre Cin-Cin: veršovaná rozprávka pre deti (Cin-Cin : conte narratif pour les enfants), le texte connaîtra au travers de sa renommée plusieurs éditions dont la 2ème en 1947 illustrée comme la première par les dessins de Karol Ondreicka (1898-1961) chez l'éditeur Ján Horácek, ainsi que celle illustrée et fort appréciée également en 1961 par Viera Gergel'ová (1930-2004, elle a également illustré les histoires de Puf et Muf adaptées en animation par Viktor Kubal) pour les éditions Mladé letá. Comme l'ensemble des écrits de L'udmila Podjavorinská, que cela soit ses textes pour un lectorat adulte ou celui de la jeunesse, ce conte n'a pas connu à ce jour de traduction française.

Les petites aventures de Tchin Tchin sont adaptées ainsi en cette série sur un scénario du dramaturge Mikuláš Fehér (1942-) reprenant fidèlement les histoires du conte, celui-ci bénéficiant dans le même temps d'une respectueuse et délicate mise en scène que l'on doit à Jan Dudešek (1926-1988). A ses débuts, ce réalisateur fait des études de cordonniers dont on ressent aux travers de ses futurs ouvrages quelques matières de cette discipline et il est en 1945 diplômé de l'école des arts appliqués de Zlin (nommée l'école des arts appliqués de Gottwaldov entre 1948 et 1990). Passionné par celui-ci, il entre ensuite dans le domaine de l'animation où il fera ses preuves auprès des deux illustres artistes que furent Karel Zeman, célèbre pour ses longs métrages comme Le Dirigeable volé et Hermína Týrlová, poétesse des laines et autres matières du même genre (A noter que Karel Zeman réalise son premier court métrage Rêves de Noël en 1945 avec l'aide de Hermína Týrlová). Pour le premier avec qui il débute en 1951, il est animateur dans son atelier, et pour la seconde il œuvrera en coréalisateur sur les courts métrages Zlatovláska (La Fille aux cheveux d'or, 1955), Venecek písní (1955), Mícek Flícek (Les Aventures de Flicek le petit ballon, 1956) et Pasácek vepru (La Princesse et le porcher, 1958). Puis suivront ses propres créations en volume comme celles – s'inspirant des vacances du lion Boniface de Miloš Macourek précédemment mises en images par le russe Fyodor Khitruk – mettant en scènes les aventures de Léo le lion et de sa « meute » en auto dans Léo en vacances / Leo na prázdninách en 1966, Leo na onu en 1972, et Leo u fotografa en 1973 et où l'on remarquera que les fruits ici aussi servent de projectiles (un autre petit lion a également été animé en stop motion à cette époque, en 1967 : prénommé Titus, il fut créé par Aline Lafargue et Jacques Charrière pour l'ORTF).

Jan Dudešek transmet au travers de cette série des notions familiales et traditionnelles développées par L'udmila Podjavorinská en son texte, notamment et évidemment le mariage, celui-ci étant comme un premier battement de cœur donnant naissance à une vie de famille (parmi les éléments traditionnelles slovaques, on peut voir dans les petits pas de danse lors de la fête du mariage, avec l'accompagnement musical, une représentation de ces danses qui se font lors de cette cérémonie en ce pays et en un autre épisode, un bourdon... joue de la cornemuse slovaque).
Y est également souligné qu'il faut faire preuve de responsabilité et être le plus autonome dans la mesure du possible, Tchin Tchin et son épouse se voyant refuser par leurs parents l'aide qu'ils leur demandent alors qu'ils n'ont pas encore trouvé un endroit où s'installer (le texte original insiste peut-être un peu plus encore sur certains aspects jouant sur le passage des générations). En dix courtes aventures est ainsi contée la petite existence de Tchin Tchin, de son enfance à l'âge adulte, de l'insouciance de sa jeunesse à ses devoirs d'époux, et des joies et du bonheur qu'il partage avec ses amis, tout cela emporté par une grande tendresse dans les sentiments mais aussi au travers des mouvements des personnages, ces derniers étant magnifiquement sculptés et animés avec un humour plein de charme et d'inventivité.

On notera également que chaque épisode de Tchin, Tchin, petit moineau s'ouvre sur une même scène d'introduction avec un joyeux et chaleureux Soleil se levant (présent également dans le récit original). Ce Soleil radieux et à l'esprit protecteur est accompagné dans son mouvement – qui rappelle un peu le cinéma de Méliès – par une petite abeille ayant dormi sur une fleur et s'éveillant alors à la chaleur de ses rayons dansants. L'épisode se termine pareillement, la petite abeille se reposant sur la fleur pour y passer la nuit alors que le Soleil, se couchant, laisse sa place à un ciel noir illuminé d'étoiles scintillantes. Parmi quelques autres créations, on retrouve ce petit schéma d'ouverture et de fermeture avec le lever et le coucher de l'astre solaire dans la série roumaine Trois Petits Amis. Ce procédé est évidemment destiné aux plus jeunes téléspectateurs découvrant les notions du temps soulignées par le début et la fin de la journée qui en amène encore une autre (lors de leurs aventures, quoique d'un degré d'appréhension différent, le soleil accompagne également Elefanie ou encore Charlotte aux fraises).

Concernant la technique d'animation et la forme mise en perspective, comme le fut pour exemple la série tchécoslovaque Tchessilco le magicien et comme le fit à sa manière Kazuhiko Watanabe au Japon sur quelques travaux comme son adaptation en 1961 du conte du coupeur de bambou et de la princesse de la Lune Kaguya-hime toute de ocre ornée, il s'agit d'une série réalisée en stop motion sur deux dimensions et non trois comme pour l'animation en volume classique. C'est de fait une série animée image par image avec une mise en scène en un relief relativement plat accentué des divers éléments le composant, des arrondis des personnages aux faibles épaisseurs des décors, le tout empruntant évidemment un peu du mouvement à l'animation du papier découpé et aux silhouettes, ces mouvements étant toujours emprunts d'un soupçon de ludisme et d''humour.

Outre cette adaptation en stop motion présentée ici avec à la réalisation l'artiste slovaque Jan Dudešek, il y eu précédemment en 1964, déjà au travers du petit écran, une transposition de Tchin Tchin avec des marionnettes à gaine manipulées en temps réel comme en un théâtre. Il s'agissait d'un programme dirigé par Ján Chlebík (1934-2006) : celui-ci réalisa de nombreux téléfilms en prise de vue réelle adaptant ou s'inspirant de contes pour la télévision slovaque ainsi que quelques créations pour la jeunesse avec des marionnettes animées en temps réel comme en 1972 la série Dobrodružstvá Budzogána, zbojníckeho kapitána, en 1975 Stará mat' rozpráva, et celle en 1983 à la tonalité plus poétique Pltník Pal'ko a vodník Vencek tout comme le magnifique téléfilm aux marionnettes sculptées avec un grand raffinement Raskil a Sida qu'il réalisa en 1985 s'inspirant du folklore caucasien (il réalisa également un court métrage adaptant les vacances du lion Boniface évoquées plus haut).

La scène et justement celle liée au théâtre de marionnettes à souvent eu l'occasion de présenter cette histoire de Tchin Tchin très appréciée des jeunes lecteurs, ce récit étant devenu au fil des années d'après-guerre un des grands classiques de cette littérature dite de jeunesse : parmi les récentes créations scéniques, il y eut en 2010 celle mêlant acteurs et marionnettes de taille humaine du metteur en scène Michal Babiak avec le Bratislava Puppet Théâtre / Bratislavské bábkové divadlo qui en 2017 fête son 60ème anniversaire, ou encore auparavant en 2002 celle de Ondrej Spišák et Veronika Gabcíková au Staré divadlo Karola Spišáka, Veronika Gabcíková l'ayant remis sur scène en octobre 2015 et encore en octobre/novembre 2016 en ce même théâtre et avec à nouveau des marionnettes de Mária Žilíková Herodeková auxquelles on peut prêter quelques affinités avec les figurines de la série d'animation, voire aux dessins originaux du conte.

A propos de Seconde Guerre mondiale évoquée plus haut et du succès que connut le conte de Tchin Tchin alors que celle-ci touchait trop lentement à sa fin, et pour hélas la « grande Histoire » : Pavel Kucera, né en 1938, ingénieur pour la compagnie Elektrovod durant 40 ans, se souviendra à jamais avoir eu avec lui un exemplaire de la première édition du livre tout récemment publié que sa mère avait mis dans ses bagages lorsqu'il fut, lui et elle, déporté en octobre 1944 au camp de concentration de Bergen-Belsen, lieu par trop célèbre hélas pour avoir été le dernier espace de vie pour nombre d'êtres dont celle qui deviendra un des symboles de la persécution des Juifs, Anne Frank... L'enfant et sa mère sortirent vivants de cet enfer le 15 avril 1945 quand les troupes britanniques libèrent le camp, le père étant lui mort une semaine plus tôt en un autre lieu semblable. Le livre dont le récit était accompagné des illustrations de Karol Ondreicka fut sans doute pour le jeune enfant qu'il était l'une des rares choses qui pouvait l'extraire de l'horreur du camp, des maladies, de la faim... Ainsi l'oiseau et ses amis représentant une certaine liberté et une légèreté pour l'esprit l'auront peut-être aidé aussi infime cela soit-il dans de telles circonstances à supporter ce qui ne pouvait l'être alors... L'exemplaire de ce livre ayant appartenu au jeune Pavel est désormais présenté au musée-mémorial de Bergen-Belsen.

Comme quelques autres séries tchécoslovaques qui furent diffusées sur les petits écrans de l'Hexagone et que nous avons précédemment évoqué telles Tchessilco le magicien, Les Aventures du brigand Roumsaïs et La Poupée de pavot, les aventures de Tchin Tchin furent diffusées en leur pays dans la fameuse programmation pour la jeunesse Vecernícek qui a fêté en 2015 ses 50 ans d'existence et d'exigence quant à son contenu proposé aux plus jeunes, tant du point de vue de l'écrit que de la ligne graphique et artistique (parmi encore les nombreux titres proposés, quelques 300 séries, figurait une Petite Taupe).

Comptant 10 épisodes, Tchin Tchin, petit moineau fut diffusée sur Antenne 2 en fin d'après-midi (ou au milieu), sur deux semaines, du lundi au vendredi, du lundi 2 mai 1977 au vendredi 13 mai 1977. Elle fut suivie par la série Astronut du studio Terrytoons précédemment diffusée en 1975.

Liste des épisodes
Dans l'attente de retrouver les titres officiels en français, de même que la série en version française pour nous éclairer quant à son doublage (dans la version originale, seul le narrateur donnant aussi de sa voix pour les personnages était présent), voici la liste originale avec sa traduction

01. Cimo Cimcara
02. Bitka (La bataille)
03. Pytacky (La demande en mariage)
04. Svadba (Le mariage)
05. Po veseli (Après la fête)
06. Mucholapka (L'attrape-mouches)
07. Starosti s bytom (Le soucis du logement)
08. Zlatá muška (La mouche dorée)
09. Doma (A la maison)
10. Mier a láska (Paix et amour)
Auteur : Captain Jack
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Cin-Cin © / Ceskoslovenská Televize, Krátký Film Praha as, Filmové laboratoře Gottwaldov
Fiche publiée le 12 novembre 2016 - Lue 6485 fois